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Chaque matin, dans Versailles, les cantinières en dépêchaient quelques-uns à l’achat de vivres frais : l’autorisation du chef du poste des gendarmes était nécessaire pour cela, et de plus il fallait que le visage du gamin donnât comme une garantie de retour, ce qui n’empêcha point qu’un beau jour plusieurs d’entr’eux trahissant — les misérables ! — tant de confiance et tant de bonté, eurent l’infamie de se donner de l’air.

Les bons sujets, eux, c’est-à-dire ceux qui n’avaient pu s’esquiver, faute de moyens, s’étaient procuré, je ne sais où, des blocs d’un calcaire grossier. Ironie des temps ! à l’aide de mauvais couteaux empruntés à la cuisinière, ils faisaient avec ces blocs… des canons et des mitrailleuses ! Ces engins meurtriers pour rire, mis en loterie, permettaient aux sculpteurs une visite à la cantine. Tout cela, bien entendu, sous l’œil et avez tolérance des gendarmes.

Nouvelles arrivées, on nous laissa peu de temps dans cette cour. Un commissaire qui vint nous ordonna de le suivre au troisième étage du bâtiment, où siégeait le capitaine-instructeur du 4me  conseil de guerre.

Celui-ci mérite à tous égards l’hommage