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réflexion : « Pourquoi ne pas nous demander nos actes de baptême. »

Cette sortie qui valut à son auteur, un violent rappel à l’ordre, nous fit rire un peu.

Rappel qui lui valut sans doute un : Intelligent, mais dangereux.

L’appel terminé, on nous distribua à chacun une moitié de pain de munition en nous annonçant notre départ pour Versailles.

Beaucoup de prisonniers recevaient la visite de parents ou d’amis. Seule peut-être de tous les prisonniers et prisonnières je n’avais vu personne qui vint m’apporter un mot d’espoir. Mais comment penser à soi quand tous ceux qui vous entourent sont si malheureux. La douleur des autres me fit oublier ma propre situation. Aussi vais-je écrire ici, deux de ces scènes attristantes.

Les enfants de la dame espagnole étaient venues dès le matin. Le consul d’Espagne ainsi qu’un docteur les accompagnait. Ce dernier avait fait des démarches auprès de M. Thiers pour obtenir la liberté de cette dame et de son fils ; mais le chef du pouvoir avait répondu : C’est impossible : tout le monde sera jugé et les innocents seront rendus à leur famille.