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incomprise, et d’autant plus isolée, n’acquiert de force, précisément que par la connaissance de sa faiblesse, et des dangers qui l’entourent. Madame W… n’avait montré (elle l’avouait) que le beau côté des choses à ses enfants ; aussi disait-elle que ses filles, chez qui jamais pensée du mal n’avait germé, seraient facilement la proie du premier venu qui saurait toucher leur cœur. C’est la crainte de cette catastrophe qui fit qu’elle les confia de suite au consul pour les envoyer dans sa famille. Elle les attendait pour le leur annoncer. Ses confidences m’attachaient à elle. Je me laissai aller à ce sentiment affectueux qu’un sort commun venait d’établir entre nous.

Pendant cette causerie le soir vint. Elle rejoignit son fils pour dîner et ensuite chercher une place où passer la nuit. Seule alors parmi tant d’hommes, je me jetai sur une paillasse auprès du poste des soldats. L’un d’eux, brave Bourguignon, me dit de dormir tranquille, qu’il veillerait sur moi, il me dit d’autres bonnes paroles. Il était arrivé récemment d’Afrique et n’avait pas pris part au combat terrible. Sa sympathie qu’il ne cherchait du reste pas à cacher, m’inspira confiance, je m’endormis-promptement. La