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les soldats et les fédérés indistinctement. C’est là tout notre crime. »

L’identité de la situation qui nous était faite à cause des mêmes actes, m’impressionna. Je sentis augmenter en moi, la sympathie que m’avait inspirée l’étrangère. Les cœurs qui se comprennent en viennent vite aux confidences. Madame W… était une femme de lettres, d’assez de réputation dans son pays, où plusieurs de ses ouvrages étaient fort répandus. Ses convictions l’avaient faite l’un des défenseurs de la cause populaire en Espagne. Elle croyait sincèrement à la régénération de la péninsule, mais comme beaucoup d’esprits, quoique éclairée, elle ne la voyait possible que dans une réforme religieuse. « C’est le clergé, disait-elle, qui de tout temps, par ses intrigues entrava l’essor du progrès. Il faut inaugurer l’ère du libre examen, hardiment, au grand jour. Si depuis quatre-vingts ans l’Espagne a si peu suivi dans leur évolution politique, économique et religieuse, les autres pays de l’Europe, on ne le doit qu’à l’esprit d’entêtement et de rétroaction qui fait de l’église romaine, l’ennemie de tout ce qui pense, avance et s’améliore. Borne au milieu d’un siècle qui marche, l’Église Romaine, n’a