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À la place Wagram est un vaste logis, érigé pour la circonstance en prévôté. Nous y sommes introduits. Nous voilà dans un vestibule de deux à trois mètres carrés. Nous sommes une quarantaine ; pourquoi venons-nous là ? Personne de nous n’en sait rien. Je supposai que ce lieu était comme une salle d’attente et que nous n’allions pas tarder à partir pour Versailles. On nous défend de nous asseoir sur le tapis qui couvre l’escalier donnant dans cette pièce. Apercevant parmi les soldats qui nous répètent cette consigne un jeune homme à figure calme, j’eus confiance en son cœur. Je lui dis : « Vous qui, sans doute, avez une mère, allez dire à mon fils que vous m’ayez vue ici, et que j’y étais en bonne santé ! » Il fit comme les autres. Que peut la douleur d’une femme qu’on appelle « pétroleuse ? »

Soudain j’entends crier : « La femme Hardouin, suivez-moi. »

Je comparais devant un colonel entouré de quelques militaires gradés. Le colonel est un homme d’une cinquantaine d’années. Une moustache grisonnante couvre une bouche fine, ironique, à lèvres minces. La physionomie est distinguée, mais la tenue caparaçonnée, — c’est