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m’empêcheriez de les voir ! » — « L’ordre est formel, nous ne pouvons pas. »

Je priai, j’implorai les sœurs : elles furent inflexibles. Ni ma douleur, ni les paroles plus dures que je leur adressai ne purent les émouvoir. Ces femmes de Dieu, qui méprisent assez l’humanité pour s’en détacher vivantes, ne peuvent comprendre qu’on ait au cœur autre chose que ce qu’elles nomment une céleste flamme.

Étisie de l’âme ou candeur du fanatisme, l’une d’elles, qui n’avait pas vingt-cinq ans, vint me dire étonnée : « Comment pouvez-vous aimer un homme, prendre un mari ! Moi, je leur porte chaque jour à manger, et plus je les vois, plus je les trouve affreux ! Il est bon, fit-elle après une pause, d’aimer assez le bon Dieu, pour n’avoir pas à craindre leurs regards… »

Pauvres fleurs desséchées de mysticisme qui vous imaginez vivre en un Dieu réprouvant l’homicide, et qui condamnez votre existence au suicide à petit feu, comprenez donc une fois pour toutes l’unique et seule raison des êtres, et donnez des enfants à la terre qui vous donna père et mère.

Autre désagrément de la Correction ! nous y recevions nos lettres toujours en retard de qua-