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vous rendre bientôt communeuses et vous emmener à la Calédonie. » Celles-ci se mordaient les lèvres et ne disaient pas non. La preuve qu’elles l’aimaient, c’est qu’en dépit de l’ordre exprès de ne point nous laisser ensemble, Louise venait librement dans ma cellule, encor bien que les sœurs en eussent la clef.

Huit jours se passèrent ainsi. Le calme renaissait un peu en moi, j’envisageais l’avenir sous un jour moins triste. Pourtant cette maison de correction, avec ses hauts murs et ses grilles me serrait le cœur. Le dirai-je ! sous ce contrôle glacé des sœurs, dans ce silence de sacristie troublé seulement par leurs prières chuchotées et leurs pas traînant sur les dalles, je me pris à regretter la liberté relative des Chantiers, leur tohu-bohu, le soleil et ses ardeurs. Ici tout était froid, sombre, religieusement monotone, et, pour tout dire, mortellement ennuyeux.

Le neuvième jour, une sœur vint me dire que mon fils et mon mari m’attendaient au parloir… mais qu’il ne m’était point permis de les voir. — « Comment ! point permis ? Pourquoi ? — Ils ne sont munis que d’un permis de la Prévôté. » — « Eh bien ! » — « Il leur faut aussi celui des Chantiers. » — « Et pour cette formalité vous