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Son influence vient surtout de ce qu’elle n’en croit pas avoir et qu’elle se moque d’ailleurs d’en acquérir. Ne donnant rien à la gloire, elle est sans ambition propre : ce qu’elle veut, elle ne le veut que pour le peuple et par lui, sachant bien qu’il ne saura définitivement conserver son œuvre que s’il l’a fondée seul, défendue et scellée de son sang.

Sa foi dans la Révolution est sans bornes : mais cette croyance procède, en elle, beaucoup plus de principes strictement définis que d’un irrésistible besoin de justice. Ses aspirations sont plutôt idéales que pratiques dans le sens habituel du mot. Louise Michel, en effet, partage avec son sexe le pur sentiment du juste, et comme une intuition des solutions du problème social : mais on ne saurait affirmer qu’elle en possède exactement les moyens d’appréciation, les éléments de critique. Il lui suffit d’ailleurs d’être une affirmation vivante dans la Révolution, de croire à sa nécessité et de combattre pour son triomphe. Sa mère est pour elle l’objet d’un amour et d’une vénération rares ; et l’on peut dire que cet amour égale dans son cœur celui qu’elle a voué depuis si longtemps à l’humanité.