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demandions jadis de quoi tous ces gens-là vivaient.

Évidemment les malheureux auraient voulu s’en aller. Ils s’en allèrent en effet ; on les congédia dès que toutes les Saint-Lazariennes furent internées ; non toutefois sans leur avoir payé leur course d’une pièce de deux francs par tête. Or ils n’étaient guère moins d’un cent. Deux cents francs pour escorter trois cents femmes en chemin de fer, ce n’est vraiment pas trop.

Émues à notre aspect en entrant dans la cour, les nouvelles venues le furent bien davantage quand elles se virent au Grenier. J’ignore ce que sont à St-Lazare et le régime pénitenciaire et la distribution des cellules : mais s’il en faut juger par l’énergique répulsion que manifesta la nouvelle colonie à la vue de notre taudis — désormais le leur, — assurément les Chantiers restent profondément au-dessous.

Si les détenues sont relativement moins libres à Saint-Lazare, il est certain qu’elles y disposent au moins d’un lit par tête et de moyens d’hygiène absolument inconnus à l’ex-Grenier d’abondance de Versailles. Sans doute aussi la discipline y est autre, car on pouvait constater