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arrivâmes ainsi au commissariat. Muette et accablée, je comparus devant le commissaire, qui me fit en me toisant, la lecture d’une accusation anonyme telle, qu’il aurait dû suffire de me voir pour en reconnaître l’absurdité.

J’étais accusée :

1° D’avoir commandé les barricades de l’avenue de Clichy, avec cinq mitrailleuses à mes côtés, un chassepot à la main, ceinte d’une écharpe rouge, et d’avoir dit : Le premier qui recule, je le tue.

2° D’avoir présidé le club à la Reine Blanche.

3° D’avoir présidé le club de la Révolution Sociale.

4° D’avoir excité les hommes à la lutte, etc.

Il me fallut presque de force, signer cet écrit, pour en accuser connaissance ; je le fis en protestant avec indignation contre ces monstrueux mensonges ; ce qui était vrai, et je le reconnus, c’est que j’avais assisté au club de la Révolution Sociale.

Cette formalité accomplie, le commissaire me remit, malgré mes protestations, aux mains des sergents de ville, qui, sans enquête aucune, me conduisirent rue des Moines, où l’un des gardiens, poussant un lourd verrou, ouvrit une