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vais œil les manigances de l’abbé. Pour eux, cette tutelle apostolique, malgré sa forme anodine et doucereuse, sentait trop la domination. Leur instinct, mis en éveil, ne s’y trompait point. Ils disaient, secouant la tête : « Est-ce qu’on espère nous garder longtemps comme ça ? »

Inquiète aussi de la tournure que prenait sa charité, j’interrogeai le vicomte sur ses vues. Il me répondit avec flamme : « Mon espoir est de fonder avec ces enfants une colonie en Afrique. » La pensée qu’il n’avait pas ce droit me rassura.

En effet, pour qu’il pût disposer des gamins à son gré — en admettant qu’on les lui confiât, encore fallait-il que ceux-ci eussent été condamnés à la correction, et ils ne l’étaient pas heureusement.

L’influence de l’abbé grandissait chaque jour. Grâce à lui quelques femmes, — les fidèles à la messe, — ayant obtenu leur liberté, le nombre des pratiquantes s’accrut soudain, et le chœur des cantiques lui-même se renforça de quelques voix.

De plus en plus fier de lui, le vicomte n’épargnait plus rien pour entraîner les conversions. Madame la Préfète de Versailles, en dépit des mauvais souvenirs emportés gratis, daigna reparaître plusieurs fois aux Chantiers avec d’au-