Page:Hardouin - La Detenue de Versailles en 1871.pdf/115

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moins polissons étouffaient des rires insurgés. Quant aux autres… ah dam ! écoutez, tout le monde n’a pas la force de se contenir… C’est qu’aussi, cet abbé, ce long abbé, qui laissait voir par les poches de sa soutane un bout de sa chemise effrontée… il était rien drôle ! (pardon, ce sont eux qui parlent) ; et les plus petits s’étonnaient fort que les curés n’eussent point de pantalon !…

Les repas, disons-nous, avaient lieu dans la cour au soleil. Mais, soyons justes, l’abbé avait mis ses pensionnaires en état d’en braver les rayons : de larges chapeaux en paille, qui sont au fin panama ce qu’un robinson rustique est à l’ombrelle de soie, préservaient leur chef des insolations.

Le repas n’était jamais pris — cela va de soi — qu’au préalable M. l’abbé sur un grand signe de croix n’eût fait dire le Benedicite. Croirait-on qu’ici encore les gavroches irréligieux s’égayaient à ses dépens… Au moins si les sournois avaient eu le courage de leur insolence ! mais non, c’était à l’ombre complice des larges bords du sombrero qu’ils masquaient leur hilarité. Certains ne la cachaient si bien pourtant qu’il fût impossible de les surprendre. Alors, quelque peu vexé, l’abbé se