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Le fait rapporté par Victor Hugo, dans l’Année terrible, d’un enfant qui, l’ayant promis à l’officier, vint se replacer au bout des fusils, trouve ici son admirable pendant.

L’authenticité pourrait en être attestée par le directeur de la prison lui-même.

Un matin, l’un des enfants qu’on envoyait d’ordinaire aux provisions disparut. Le fait s’étant déjà plusieurs fois produit, le directeur n’y prit point garde. Or le petit déserteur s’était acheminé vers Paris pour aller embrasser sa mère, restée sans nouvelles de lui depuis trois mois. On se figure le bonheur de la pauvre femme qui croyait son enfant perdu, quand elle le revit sain et sauf. S’il fut embrassé, choyé, caressé, nous le laissons à penser aux mères. Le revoir, n’était-ce point pour elle, en même temps qu’un grand bonheur, la fin de ses inquiétudes ? Ne l’avait-elle point tout entier, libre à présent, près d’elle, dans ses bras ?… Cher petit ! on le lui briserait plutôt qu’elle se le laissât prendre !

Interrogé, l’enfant raconta comment on l’avait arrêté avec ses camarades, puis conduit aux Chantiers. Cher enfant, il n’en devenait que plus attaché au cœur maternel. « Heureusement,