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heureux catéchisme. N’étaient-ils pas, ces enfants, trop émancipés déjà par les événements ? Comment ai-je pu croire un instant qu’un membre du clergé fût assez malhabile, assez désintéressé de l’existence de sa mère l’Église, pour me laisser en main l’éducation des jeunes gens mis sous sa coupe ; je m’en accuse, le cœur est si peu logicien.

Les enfants me furent donc retirés. C’est à la dérobée, et pour ainsi dire en fraude, qu’il me fut possible de faire lire les moins âgés. — Ces petits m’avaient chargée de leur correspondance ; je ne les vis plus que pour cela.

Leurs lettres ? oui, c’est en grande partie à des achats de papier, de plumes et d’encre qu’ils employaient les quelques sous dont on payait leurs commissions dans Versailles. Car si, comme nous l’avons dit, quelques-uns en avaient profité pour reprendre leur libre essor, la plupart accomplissaient fidèlement la promesse qu’ils faisaient de revenir ; ayant donné leur parole, ils la tenaient. Pourtant, ces Chantiers, c’était pour eux pis que la prison, le bagne. On les y traitait moins comme des enfants que comme des chiens, auxquels on accorde de la paille sèche et qu’on baigne de temps en temps.