Page:Hardouin - La Detenue de Versailles en 1871.pdf/105

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

même — grand cheval de bataille du directeur — n’ayant rien à redouter de l’instruction des jeunes gens, celui-ci se garderait d’y mettre opposition. De fait, il n’intervint que peu, et je commençai les cours. Ils furent de peu de durée. Pour une raison qu’on ne dit pas, mais qu’on pourrait dire hautement, ordre fut donné de séparer totalement les enfants des femmes. Irréprochable en lui, cet ordre n’avait qu’un tort, c’était de venir tard, et de plus il était entaché de considérations où la morale entrait à faible dose, si tant est qu’elle y entrât ; en revanche la politique y avait une large part, comme on le verra dans ce qui suit :

Parmi les jeunes garçons auxquels s’adressaient mes leçons, s’en trouvait un particulièrement surveillé… à cause des opinions de son père ; c’était le petit Ranvier, fils du membre de la Commune. Le capitaine instructeur, l’ayant fait venir, lui demanda entre autres choses s’il n’avait pas connu madame Hardouin à Paris, et finalement l’interrogea sur la manière dont je faisais mes leçons et sur ce que je leur disais. Mais, pour me servir du terme original de l’enfant, le capitaine en fut pour son voyage, il ne lui apprit rien : il ne pouvait d’ailleurs rien