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gré les progrès de la libre-pensée, depuis vingt-cinq ans, le nombre des croyants aux miracles en France est encore si considérable.

Nous avons dit que le nombre des enfants détenus aux Chantiers pouvait s’élever à cent cinquante environ ; qu’au début et durant assez longtemps, ils avaient comme nous, les femmes, habité le Grenier, vécu de notre vie, respire le même air vicié.

Devant l’oisiveté pernicieuse à laquelle ces enfants étaient réduits, j’eus l’idée d’employer à l’instruction des plus jeunes tout le temps qu’on leur laissait perdre et le peu de savoir que je possède. Pour commencer, je crus devoir m’assurer des dispositions de ceux-ci et de leur degré d’instruction. La plupart ne savaient ou savaient peu lire ; quelques-uns étaient relativement avancés. Je fis un choix des moins lettrés et leur annonçai mon intention. Ils en parurent très-contents. M’adressant alors au directeur des Chantiers à qui j’exposai mes vues, je lui demandai l’appoint d’un concours au moins moral. Il approuva la pensée du projet et m’en félicita même ; il sentait, il appréciait, disait-il, les bons résultats qu’on en pourrait obtenir et pour son compte n’y voyait aucun inconvénient sérieux ;