Page:Haraucourt - Seul, 1891.djvu/125

Cette page n’a pas encore été corrigée

Il marche sous la pluie et s’assied dans la neige,
Réchauffant son cœur pur d’un rêve surhumain,
Et les Elfes soigneux qui lui font un cortège
            Mettent des fleurs à son chemin.

Loin du peuple, il s’endort, le soir, sur la montagne
Pour entendre chanter, entre le monde et Dieu,
Des songes que le chœur des anges accompagne
            Sur des harpes d’or et de feu.

Et lui, le mendiant qui rôdait par les rues,
L’expatrié, devient un mage tout-puissant :
C’est le maître ; il commande aux formes apparues.
            Il appelle et le ciel descend.

Il ordonne aux esprits de remuer la terre,
Et dicte son caprice à l’espace ébloui ;
L’immensité se fait esclave et tributaire
            Du talisman qu’il porte en lui.