Page:Haraucourt - Seul, 1891.djvu/121

Cette page n’a pas encore été corrigée

Oh, ton geste ! — J’ai vu dans tes poses incanes

Des tigres de velours glisser sous le soir pâle ;

Des couples de serpents ondulaient dans les cannes,

Et des jonques nageaient sur des golfes d’opale.


Oh, tes yeux ! — Le ciel clair de tes vastes prunelles

Évoque la splendeur des longues nuits d’Asie,

Et tous les dieux humains semblent revivre en elles,

Dans un vibrant azur stellé de poésie.


Ton regard fait qu’on aime et ta voix fait qu’on prie ;

Ta voix et ton regard sont des jardins d’extases.

Et c’est toi l’oasis, et c’est toi la patrie,

Le phare sur les mers et le lys sur les vases !


O Notre Dame ! Toi ! Source d’où l’art s’épanche !

Reine de tout un monde, essor de tout un âge,

Tu. t’élèves sur nous comme une église blanche

Dont la flèche aux coins d’or monte dans un nuage...