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LA PEUR

et don José, qui rejoignait son torpilleur, allaient partir l’un et l’autre pour les Antilles : la comtesse prétexta l’ennui de demeurer en Europe, où elle n’avait ni parents ni amis, et l’angoisse de vivre sans nouvelles, sachant les siens exposés à mille dangers, alors que l’occasion se présentait si normalement de retourner vers eux, pour le temps que dureraient les hostilités.

Elle proposa cette combinaison, mais don José refusa net, d’abord parce que l’idée ne venait pas de lui, mais surtout parce que, sans doute, il éprouvait quelque sérieuse méfiance. Mercédès insista, fit télégraphier par son père ; don José n’en fut que davantage confirmé dans ses soupçons et dans ses refus ; sa femme déclara qu’une pareille tyrannie était exorbitante, capable de provoquer toutes les représailles.

— Ne vous y risquez pas, répondit don José.

La guerre était déclarée : il partit.

Au bout d’une semaine, par le premier paquebot, Mercédès se mettait en route à son tour, et la surprise du comte ne fut pas excessive, lorsqu’un jour, débarquant à Santiago,