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LE SETUBAL

« Le voleur, est-ce lui ou moi ? Avec son or, avec son nom, il est venu te prendre à moi, quand ton amour t’avait donnée ! Que dis-je ? Il lui a suffi de les montrer et de les faire briller, son or et son nom, pour qu’on te jette dans ses bras, et il les remporta avec toi ! Nous nous aimions pourtant, et tu étais bien mienne,… etc. »

Mais les amants attendent leur jour, avec la certitude qu’il viendra : s’ils doivent ou non payer de la vie un bonheur plus précieux que la vie, peu leur importe ! Ils auraient tort, d’ailleurs, de s’inquiéter outre mesure, puisque l’étroite surveillance de don José ne réussit même pas à empêcher une correspondance qui se renouvelle presque régulièrement, de semaine en semaine, par les moyens les plus simplement classiques.

Cette singulière alliance, tant bien que mal, dure trois ans et quatre mois.

Enfin, les bruits de la guerre imminente suggèrent à doña Mercédès un plan qu’elle développe dans la cent quarante-neuvième lettre. L’escadre de l’Atlantique devait se concentrer à Santiago : mon frère, qui venait d’être appelé au commandement du Setubal,