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LES SABOTS DE NOËL

Les bêtes mortes étaient bien plus nombreuses que je n’avais cru, et de toutes espèces : il y avait des lapins, des cochons d’Inde, des chats, des oiseaux, des grenouilles, surtout des chiens. Tous étaient attachés, montrant leurs intérieurs par d’affreuses ouvertures, mais ils avaient encore leur peau.

Tout à coup, je vis… Une viande était vivante !

On venait de la détacher, et c’était un animal tout rouge, qui n’avait plus de peau sur le corps, lui, et qui se dressa sur ses quatre pattes, et qui se mit à marcher, en tournant la tête, de droite et de gauche, avec l’air de chercher un endroit pour s’y cacher, et qui se mit à aboyer : alors, je reconnus que c’était un chien. Il aboyait bien plaintivement ; les hommes se tenaient en cercle autour de lui, et l’examinaient en réfléchissant, tandis qu’un jeune monsieur, plus gai que ses camarades, riait beaucoup en regardant le chien. Le chien aussi les regardait avec un œil tout triste et peureux ; il s’en alla vers un coin, et on le laissa faire, mais il ne put se coucher, étant à vif ; alors, il resta debout sur ses pattes qui tremblaient, et il léchait son corps rouge :