Page:Haraucourt - La Peur, 1907.djvu/286

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
262
LA PEUR

Derrière la porte, la voix sourde de mon prisonnier clame désespérément :

— Au secours !

Je m’en vais.

Avec Blasquez, je ne prévoyais qu’une besogne trop facile et sans charme.

— Je l’immobiliserai simplement dans le vestibule du laboratoire, entre deux portes bien fermées : l’imbécile se laissera mener comme un agneau ; je n’ai rien à lui dire, et véritablement je ne le hais même pas : à peine l’ai-je détesté une minute, pendant qu’il se vantait d’avoir fabriqué la bombe, et si j’en avais le droit… Je n’ai pas de droits, je n’ai que des devoirs ! Les tueurs appartiennent aux victimes, et leurs destins au talion.

J’attendis Blasquez, en fumant des cigarettes : il ne rentra que vers une heure du matin. Il rayonnait, et, en me voyant, il s’écria :

— Ça marche ! Bonne soirée ! On en a décidé des choses ! Tout est réglé, pour la