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LA BOMBE

nais, tu l’auras, et la même, mais avec un avertissement qui t’aidera, bandit, à méditer sur leur sort, en te forçant à trembler pour le tien !

— Je ne comprends pas et je me moque de comprendre.

— Tu mens ! Tu veux savoir, et c’est déjà la peur qui te talonne du besoin de savoir. Sache donc ! Là, sur le sol, tu vois ces quatre vases si bien pareils : dans l’un d’eux, il y a de l’eau, dans les trois autres, j’ai mis les bombes, les trois bombes préparées pour toi, avec ton aide. Je vais t’enfermer sans lumière, et quand tu auras soif, tu t’en iras dans l’ombre, à tâtons, pour choisir. Mais prends garde de te tromper ! Prends garde d’effleurer en passant une seule de ces cruches, dont l’équilibre est si peu stable que tu as raillé ma sottise, quand je les ai choisies et apportées. Prends garde aussi de trébucher, parmi les escabeaux ou les autres obstacles que je sème sur ton chemin : les bombes sont à renversement, comme vous dites, et si l’une d’elles chavirait, ah ! pauvre ami, quelle aventure !

Il louche vers les cruches. Son orgueil