— L’individu est innocent…
— Il n’y a pas d’innocents ! La société est solidaire de ses exactions, comme notre révolte l’est de ses actes ! Ceux qui se soumettent font cause commune avec ceux qui oppriment, par cela même qu’ils se soumettent : ils sont coupables, et plus que les autres, à mes yeux, parce qu’ils sont les transfuges, traîtres à la cause de l’humanité !
— Qui souffre.
— Qui souffre !
— Et que tu aimes… Dépêche-toi de l’aimer, parce que le temps presse. Tu vas laisser éteindre ta pipe…
— Il me dégoûte, ton tabac.
— Il faut que je te l’avoue, pour que tu me rassures : je ne suis pas poltron, mais j’ai peur des remords. On n’en a pas ?
— Mais non !
— Tu n’as jamais vu de spectres, de pauvres créatures éventrées ou décapitées, qui reviennent la nuit, pour te demander raison de leur martyre ?
— Quelle blague !
— Je me rappelle une petite fille que j’ai vue à Barcelone, par terre ; elle avait, autour