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LA BOMBE

soir… » Mon idée me grisait comme un vin : j’exhibais sans contrainte une gaieté d’estudiantina, et le majestueux Émile, en riant malgré lui, sentenciait, non sans dédain :

— Quel gosse !

Le souper fut verveux. Au dessert, Diego nous quitte : l’heure est venue.

— Au laboratoire, Émile, veux-tu ?

J’emmène ma proie qui, naturellement, par légitime orgueil, marche en avant : j’ai raflé, sur la table, un jambon, un pain, un couteau. Je tâte mes poches : je n’oublie rien ?

Le dos va devant moi, le dernier soir d’un dos ! Il est prétentieux, oui, vraiment, et comique, d’aller ainsi, bêtement, sans défiance, et de montrer la route ! Derrière lui, j’ai des envies de gambader.

Nous arrivons. Nous y sommes, au laboratoire ! J’ôte ma veste, dont les poches pleines se renflent à l’excès. Il demande :

— Tu as donc chaud ?

— Oui, j’ai chaud.

On s’assied ; je lui tends mon tabac qu’il accepte ; il bourre sa pipe, il l’allume ; je note qu’il replace ses allumettes dans le gousset