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LA BOMBE

avait définitivement disparu, et toute contrainte. Une parfaite intimité régnait, et quand nous descendîmes de wagon, j’étais vraiment le camarade indispensable, celui qui, par sa belle humeur, abolit les fatigues, vivifie les courages et fait mépriser les périls.

Nous arrivâmes de nuit : Émile, toujours prudent, nous avait quittés avant la frontière espagnole, pour n’y être pas vu en compagnie de gens suspects ; il gagna Gérone à bicyclette, et, le lendemain soir, il entrait chez Blasquez, pour n’en plus sortir : c’est moi qui ai refermé la porte derrière lui.

On se mit à la besogne : il s’agissait de fabriquer simplement quelques engins, et de faire sauter l’Escurial, rien de plus ; d’après le plan dont Diego Blasquez s’imaginait être l’auteur, l’exécution ne présentait que des difficultés enfantines ; j’approuvais et renchérissais. Mes anciennes fonctions de policier me permettaient de fournir, sur la question topographique, des renseignements qu’on jugeait