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LA BOMBE

un lit de sangle composaient le mobilier de l’« antre » ; un fatras de bibelots et de brochures encombrait les coins ; le sol était dallé, et l’industrieux propriétaire me fit admirer la combinaison de deux bouches ouvertes, l’une à ras de terre et l’autre au sommet du plafond, pour le renouvellement de l’air, qu’en effet je trouvais parfaitement respirable ; sur bien d’autres beautés encore, il attira mon attention, et sur la sécurité de cette retraite, sur le silence de son éloignement. Je ne l’écoutais guère, ayant, du premier coup d’œil, perçu ces avantages que j’exploitais par anticipation.

— C’est ici que je l’amènerai !

Je humais l’air de cette cave ; j’y respirais ma vengeance déjà présente. Blasquez parlait toujours ; son bavardage me berçait et m’aidait à penser. Il riait en parlant. Je riais avec lui. Il se frottait les mains, et, ravi de mon enthousiasme visible, il me battait l’épaule à grands coups de sa main stupide, en criant :

— Hein ? Chouette, hein ? On peut crier, ici, tu peux crier. Oh ! ooh ! ooh !

Il hurlait, et sa voix, répercutée par les