que je pourrais tirer de ce Diego Blasquez ; il était stupide à souhait, pompeux et utopiste, à moitié sot, à moitié fou, un tendre et formidable halluciné qui pratiquait les sports et la chimie, jouait de la flûte, voyageait, recueillait les chiens malades et composait des bombes, incapable d’écraser une mouche et tout prêt à dynamiter une ville : quelque maladie secrète ou quelque hérédité, sur le coup de la quarantaine, lui avait déséquilibré la tête.
Il habitait ordinairement Gérone, sa ville natale : il m’y emmena tout d’abord, et je ne résistai point, décidé à subir tous ses caprices, pour le conduire insensiblement à l’exécution de mes volontés.
J’eus la surprise de le voir installé dans une superbe et antique maison qu’il tenait de ses ancêtres : c’était une manière de château citadin, ou peut-être un ancien couvent juché au flanc de la ville ; en arrière des bâtiments, un jardin sauvage, sans culture aucune, ressemblait à une forêt vierge, et il me plut par son aspect sinistre : car je réexaminais plus les choses qu’au seul point de vue de ma vengeance, comme des ressources qui me