Il me conte une histoire, longue, embrouillée, que je n’écoute même pas. Il ment. La vérité est qu’il a eu peur, mais il ne veut pas en convenir, et cherche des excuses ; pendant qu’il travaille à inventer, il oublie de se méfier : l’alerte est passée ! Je l’embarrasse de questions ; il se débat, il patauge ; il voit que je souris, et il s’inquiète, mais pour sa dignité.
— Tu rigoles ?
— Oui… Elle est louche, ton histoire, et je me demande… j’imagine…
— Quoi ?
— Une idée… Tu as eu le trac, hein ?
— Moi !
— Oh ! tu peux avouer, entre nous.
Il est rouge, de honte ou de colère ; il ne songe plus du tout à sa sécurité ; il n’aspire qu’à sauver la face, et ses facultés se concentrent dans l’effort de prouver qu’il est inaccessible à la crainte. Cause, mon bonhomme… Tu as eu peur, c’est par lâcheté que tu n’osais pas sortir ! Cause… C’est par la peur que je les vengerai ! Elles sont là-bas qui m’attendent, qui saignent… Vraiment, tu es couard ? Je t’en réserve, de la peur !