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LA PEUR

Derouville, des inégalités de la neige, attestant que le sol avait été piétiné, mais n’en a tiré aucune conclusion inquiétante, puisqu’il avait noté lui-même la visite de la veuve. Les rondes réglementaires n’ont amené aucune constatation anormale, pas plus dans la soirée du lundi que dans la matinée du mardi. La neige ayant continué à tomber, le mardi matin, les visiteurs furent très rares : cependant, vers midi environ, un jeune garçon, âgé d’une douzaine d’années, inconnu, interpella le préposé, dénonçant la présence de « revenants » dans la région Nord-Ouest, où il disait avoir entendu des soupirs et des bruits de chaînes ; à quoi le préposé n’a pas pris garde, croyant à une plaisanterie macabre. Dans l’après-midi du même jour, une dame âgée, qui sortait du cimetière, entra dans le bureau, et, très émue, déclara que, dans la même région Nord-Ouest, « un mort avait été enterré vivant, et qu’il appelait ». Rapprochant alors cette seconde déclaration de celle qui l’avait précédée, s’est rendu dans la région indiquée, et là, au cours d’une ronde, mais seulement après de longues recherches, a effectivement entendu des soupirs ou des râles ;