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LA PEUR

4 novembre. — Le petit boucher n’est pas encore venu. Le médecin me fait prendre médecine.

5 novembre. — C’était une bien mauvaise farce : le petit boucher est toujours dans sa prison, qu’il n’a pas quittée. Les camarades ont inventé cette histoire pour se moquer de moi, et Lubert, qui écrit dans les journaux, a fait imprimer la petite note qu’on m’a montrée. Ils me traitent d’imbécile, mais qu’est-ce que je dirai d’eux, qui font de pareilles plaisanteries à un pauvre malade ?

8 novembre. — Je vais un peu mieux. Je mange.

9 novembre. — Je retourne au bureau.

15 novembre. — L’affaire du petit boucher passe dans huit jours. L’instruction est terminée. Je suis convoqué comme témoin à charge. Il faudra revoir les yeux de cet assassin. J’en ai peur à l’avance.

22 novembre. — C’est demain. Je ferai mon devoir et je répéterai la vérité. Mais, si on ne le condamne pas, il me tuera.

23 novembre. — Aux assises. Pendant toute l’audience, chaque fois que mes regards ont rencontré ceux du petit boucher,