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LA PEUR

9 octobre. — Scène du chef. Je retourne au parquet : on m’appelait pour une confrontation, mais elle n’aura lieu qu’après-demain. Scène du chef quand je lui expose que je devrai encore m’absenter jeudi.

10 octobre. — Je ne suis décidément pas bien : je rêve trop, je dors mal. J’entrevois plus clairement tous les tracas qui vont résulter de cette malheureuse affaire.

11 octobre. — Confrontation. J’ai reconnu le garçon boucher et ses deux complices. Il m’a regardé avec un mauvais œil : il voulait m’intimider, mais le juge s’en est aperçu et m’a fait approcher, pour que l’accusé fût derrière moi pendant ma déposition ; alors, j’ai parlé plus librement. À la sortie, le petit boucher m’a dit : « J’aurai ta peau ! » Il paraît qu’il n’a que dix-huit ans. Je me suis mis une vilaine affaire sur les bras.

18 octobre. — Deuxième confrontation. Les assassins ont fait des aveux. Le petit boucher, au moment où je passais devant lui m’a répété : « J’aurai ta peau ! » Pourvu qu’il soit condamné à mort ! Tout le monde me plaisante au bureau ; mais je n’ai pas envie de rire, et je suis inquiet.