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LA PEUR

Les pas se rapprochaient. Tout à coup, là, au-dessus de moi, devant moi, elle reparut, la main ouverte. Elle se promenait, mystérieusement en silence. Je la suivais des yeux.

Elle a passé devant ma face : je n’ai rien dit.

En errant, elle a rencontré la tête de la jeune fille, posée sur mon épaule…

— J’en tiens une !

— Houst !

— C’est une gonzesse !

La main noire, comme une immense araignée, marchait sur le crâne de la pauvre vierge et descendit vers son oreille.

— Elle en a !

Les doigts saisirent une boucle d’oreille et arrachèrent le lobe. Ils firent le tour de la tête et arrachèrent l’autre oreille. La main disparut.

— Chouette ! des perles !

La main revenait. Elle s’enfonça entre mon buste et celui de la morte : je sentais, sur mon estomac, le chatouillement des doigts nerveux, hâtifs, qui pêchaient à tâtons.

— Elle en a une ! Je la tiens !…