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Aux taureaux traversant le flanc des vaches rousses,
Et par élans fougueux, par bonds et par secousses,
Devenant tout d’un coup semblables à des dieux !
Elle songe aux assauts de l’amant radieux,
Aux muscles étreignant le baiser qui s’y plonge,
Au frottement qui brûle et qui noie ! Elle songe…

Silence ! Elle s’endort les deux bras grands ouverts…

pleut de l’or, il pleut !

pleut de l’or, il pleut !Des plafonds découverts,
Le scintillant métal miroite et tombe en pluie.
Et la vierge, les yeux fermés, mais éblouie,
Voit passer dans le bleu des gouttes de soleil.
C’est bien de l’or : il pleut ! À travers son sommeil
Elle rit à la blonde averse. Goutte à goutte !
Or, azur ! Que c’est beau ! Comme il pleut ! Elle écoute :
Chaque perle en passant siffle gaîment dans l’air,
Et dans le cœur qui bat son crépitement clair
Fait chanter un écho qui vibre avec sa chute.

L’orage étincelant grossit. Chaque minute
Verse par milliers les belles larmes d’or.