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C’est elle qui me fait ta chose et ton esclave,
Courbe à tes pieds mon col et mes genoux brisés,
Et fait bouillir mon sang comme un torrent de lave.
Mère des Univers et fille des Baisers,
Elle ne souille pas, la divine : elle lave !

Car c’est l’amour qui rend meilleur. Et rien n’est vrai
Hormis la volupté qui te créa si belle,
Qui me versa le vin dont je t’enivrerai,
Qui fit ta lèvre rose et noire ta prunelle,
Qui fit que je t’adore et que j’en ai pleuré.

Viens au ciel, Ange, viens au ciel ! Tu veux ; j’implore :
Silence à ton orgueil ! Viens, et quand tu sauras
Quel est ce paradis que ta jeunesse ignore,
Tes désirs suppliants me prendront dans leurs bras
Pour me baiser la bouche et murmurer : « Encore ! »