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Soudain, le nerf gonflé se tend et la soulève :
Palpitante, pendue à ce levier vainqueur,
Elle a senti jaillir une épaisse liqueur
Qui coule, lave ardente, intarissable sève,
Et regorge jusqu’à son cœur.

Elle s’ouvre et déborde ! Elle étrangle, elle presse
Le dard chaud qui s’agite avec des élans fous !
C’est le dernier frisson, le plus fort, le plus doux.
Enfin lasse, inondée, et ruisselant d’ivresse,
Elle fléchit sur les genoux.

Son beau corps assouvi roule comme une masse
Sur les coussins froissés de sa prison d’airain.
— Mais déjà le Taureau hume le vent marin,
Et rêve, en regardant l’horizon qui s’efface
Dans la vague du ciel serein.