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Qu’elle est superbe et vraie ! On la dirait vivante :
Les cornes de son front sont droites vers les cieux ;
Un rêve inconscient dort au fond de ses yeux ;
Son poitrail s’arrondit ; sa large queue évente
Et bat sa hanche aux poils soyeux !

Sur les voluptueux tapis du gouffre vide,
Pasiphaë, l’œil fixe et le sein haletant,
S’agenouille et s’écarte. Elle a peur un instant ;
Puis, la croupe levée, impatiente, avide,
La voici prête : elle l’attend !

Il a mugi ! C’est lui ! C’est son pas ! Il s’élance.
Il embrasse l’airain sous son ventre puissant :
La voûte en retentit. Plein des fureurs du sang,
Il cherche : son désir oscille et se balance.
Enfin, il trouve. Elle le sent !

Sa main prompte a saisi le trait qui la caresse ;
Sa main douce le guide. Ici, monstre indompté !
Un cri ! … Mort ou bonheur ? Torture ou volupté ?
Les chairs bâillent : il glisse, il pénètre, il se dresse
Dans sa mâle rigidité !