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Il s’élance ; il recule ; il cherche ; il veut un trou,
Un asile où cacher sa fureur écumante.
Il cherche : il ne voit rien, et son angoisse augmente.
Mais, lorsqu’il aperçoit l’abri qu’il a rêvé,
Il entre et ne sort plus. — Adam avait trouvé !

Un cri, puis des soupirs : l’homme a compris la femme.

Les deux corps enlacés semblaient n’avoir qu’une âme.
Ils se serraient, ils se tordaient, ils bondissaient.
Les chairs en feu frottaient les chairs, s’électrisaient.
Les veines se gonflaient. Les langues acérées
Cherchaient une morsure entre les dents serrées.
Des nerfs tendus et fous, des muscles contractés,
Des élans furieux, des bonds de voluptés…
Plus fort ! Plus vite ! Enfin c’est la suprême étreinte,
Le frisson convulsif…

Le frisson convulsif…Ève, alanguie, éteinte,
Se pâme en un soupir et fléchit sur ses reins ;
Ses yeux cherchent le ciel ; son cœur bat sous ses seins.
Son beau corps souple, frêle, et blanc comme la neige,
S’arrondit, s’abandonne au bras qui la protège.