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L’ÉDEN


À Florent Scheving.



D ans l’éther infini, plein de profonds mirages,
Dans l’azur insondable et vierge de nuages,
Le grand soleil montait lentement, gravement :
Et l’Éden, ébloui du long rayonnement,
S’éveilla. La nature amoureuse et ravie
Entonna le concert éclatant de la vie.
Tout remuait : Adam, le seul et le dernier,
Dormait les poings fermés, à l’ombre d’un pommier.
De larges ronflements bourdonnaient sur sa lèvre :
Il avait eu, la nuit, des douleurs et la fièvre ;
Il avait fait un rêve, il avait mal aux reins :
Il avait cru voir Dieu, du haut des cieux sereins,