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IMPUISSANCE



N on, tu ne m’auras pas, malgré mon désir fou !
Tes baisers affamés peuvent pomper mes lèvres,
Et, courant par troupeaux de mes reins à mon cou,
Sur mon torse fiévreux brouter comme des chèvres,

En vain tes doigts de fée en rut, tes doigts nerveux
Dansent sur le sommeil de mes chairs résignées,
Et pour me rajeunir glissent sur mes cheveux,
Peuple souple et taquin de roses araignées.

À l’apparition de ton corps éclatant,
Un calme maladif s’est assis sur ma bête ;
Et pour avoir touché ce dont je rêvais tant,
Tout le sang de mon cœur est monté dans ma tête.