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LA VIE EXTÉRIEURE.






LE BEAUPRÉ



à joseph carriès




Au large, dans un cercle absolu de mer libre,
Berçant sous le plein ciel son puissant équilibre,
Tranquille, arrondissant l’ampleur de ses flancs creux,
Un navire, bardé de fer comme les preux,
Cinglait royalement vers des guerres lointaines.
Ses mâts bruns, ses haubans, ses drisses, ses antennes
Tailladaient de traits fins les ors chauds du couchant.
En le léchant, les eaux d’argent brisaient leur chant
Sur le tranchant penchant de sa proue, et les brises
Sifflaient et zézayaient autour des cordes grises…