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LA VIE EXTÉRIEURE.






L’ÎLE VIERGE


à francis pittié


 
L’île, en son nonchaloir de courtisane hellène,
Dort sur son lit d’azur où la mer a mêlé
Des éclats de satin et des blancheurs de laine.

Son lit chante et l’endort dans un baiser salé ;
L’arome chaud des thyms tremble et rôde autour d’elle,
Comme le filet bleu qui sort d’un narguilé.

Le myrte, le jasmin, la rose et l’asphodèle,
Balançant sous l’éther leurs frêles encensoirs,
Font monter des parfums vers le soleil fidèle.