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LA VIE EXTÉRIEURE.

Ils vont, l’aurore, ouvrant ses tentes de satin,
Pose à leurs cheveux froids des baisers de rosée,
Et la ville apparaît dans l’air flou du matin.


Ils ont passé sous la voûte fleurdelisée.
— « La prison ? Le palais ? » Une vieille, à mi-voix,
Dit : « Pauvre enfant, sa tête était toute frisée… »


— « Que font ces gens autour de ces piliers de bois ?…
Mon frère ! » L’homme rouge a retroussé ses manches,
— « Grâce ! Arrêtez ! » Le crâne a rebondi deux fois.


Déjà la dame était à genoux sur les planches :
Elle prit dans ses doigts le front pourpre et glissant ;
Blanche, elle mit sa lèvre aux lèvres déjà blanches,


Et la face sourit dans ses larmes de sang.