Toi qui, pour nous laver des vices et des haines,
Nous baignes tendrement, du coucher au réveil,
Dans le flot blanc des draps comme dans des fontaines :
Toi qui nous rends meilleurs dans la paix du sommeil !
Asile des vaincus, rédempteur des victimes ;
Confident des chagrins, berceau des corps brisés !
Dispensateur fécond des caresses intimes,
Paradis de l’amour et trône des baisers !
Tu verses à nos sens les voluptés pâmantes ;
Puis, quand nos chauds désirs et nos muscles sont las,
Quand nos fronts ont roulé sur le sein des amantes,
Nous écoutons leurs cœurs nous bercer comme un glas.
Et sous le dais calmant de ton ciel léthargique,
S’évadant de l’angoisse et du jour accompli,
Noyé dans ta langueur bienfaisante et magique,
Notre être consolé s’abîme dans l’oubli…