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LE SOIR.

Rien n’est clos : c’est d’un coup que la vie a quitté
Ce monde fantastique où bruissait la foule ;
Les grands seuils inusés attendent qu’on les foule :
Mais ceux qui passaient là sont dans l’éternité.


— Ô mon cœur ! Cité vide, inerte et désolée,
Tu vas dormir sans trêve et tant que je vivrai ;
Mon ennui veillera sur ton sommeil navré,
Comme un marbre plaintif au bord d’un mausolée.


Dors dans l’oubli calmant des rêves que j’aimais :
Nous attendrons la mort qui rajeunit les choses,
Puisque tous nos espoirs, ouvrant leurs ailes roses,
Dans leur vol effrayé sont partis pour jamais !