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LA VIE INTÉRIEURE.




LES DÉLAISSÉS


à gaston béthune



Je les aime entre tous les très pauvres tombeaux
Faits d’une herbe sauvage et d’une croix pourrie ;
Leur couronne de buis se déchire en lambeaux,
Et leur tertre affaissé verdit sans qu’on y prie :
Je les aime entre tous les très pauvres tombeaux
Faits d’une herbe sauvage et d’une croix pourrie.

 
Ils s’allongent, étroits et sinistrement seuls,
Dans les coins ignorés au fond des cimetières,
Et leurs morts, dans les plis humides des linceuls,
Y dorment sous le poids de l’humus et des pierres ;
Ils s’allongent, étroits et sinistrement seuls,
Dans les coins ignorés au fond des cimetières.