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LA VIE INTÉRIEURE.







LE VAISSEAU


à florent scheving




En rêve, dans un rêve étrange, au temps des rêves,
J’ai vogué sur les flots d’un océan sans grèves.

Les vents étaient sans haine et l’hiver sans frimas :
J’ai rencontré, vers l’aube, un grand vaisseau sans mâts.

Énorme et bas, fleuri de fleurs d’or et de palmes,
Il croisait lentement au milieu des mers calmes.

Sous l’ennui bleu du ciel, au hasard des destins,
Il cinglait vers des buts lointains, jamais atteints.