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LA VIE INTÉRIEURE.

Des parjures, des rapts ; des martyrs, des héros ;
Les lauriers de la gloire ou le fer des bourreaux ;
Des suicides, des vols, des viols, des mains rougies ;
De tièdes lupanars entr’ouvrant leurs orgies
Quand les sergents du guet ont tourné les arçons ;
Le trafic de la chair avec l’or ; des chansons,
Des hontes, la sagesse hypocrite des prônes,
Et les filles de joie assises sur les trônes ;
Puis, des guerres : les rois rués contre les rois,
Les murs en feu, les champs pillés, les chefs en croix,
Le formidable choc des vaisseaux loin des terres ;
Puis des dieux inventés, des rites, des mystères,
Tout le mal, tout le bien, pour un vœu, vers un but !
Car l’Ordre a dit : « Peuplez le monde : allez en rut. »