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LA VIE INTÉRIEURE.


PARISIENNE


à achille mélandri



Redressant les rondeurs de son buste replet,
Droite, le nez railleur et la lèvre mutine,
Elle va : son regard qui voltige et butine
Se pose au bord de tout, prend à tout un reflet.

Elle va. Sous les plis susurrants de l’ourlet,
Le pied vif, provocant et plein d’esprit, trottine,
Rase l’asphalte, et rit, au fond de la bottine.
De se voir si petit et si près du mollet.

La main gantée, au bord de la manchette blanche,
Berce l’éventail noir qui caresse la hanche
Et rythme au bruit des pas son doux balancement.

Un sillage odorant la suit, senteurs de femmes,
Parfums de fleurs… Et souple, elle marche, semant
Le germe des désirs chauds et virils dans l’âme !