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LA VIE INTÉRIEURE.



Les piliers vêtus de brocart
Se dressent, drapés avec art,
Comme des Grecs dans leurs chlamydes ;
Des cataractes de velours
Tombent des frises en plis lourds,
Plus lourds que des toiles humides.


L’air rose, en courants attiédis,
Berce des fleurs de paradis
Qui coquettent du bout des tiges,
Et charrie un flot de poison
Qui fait tournoyer ma raison
Au bord du gouffre des vertiges.


Je ne sais rien, je ne veux rien ;
J’ai tout perdu, l’amour du bien,
Le sens des mots, l’orgueil des phrases ;
J’ignore la terre et le ciel
Et mon rêve perpétuel
Compte ses jours par ses extases.